Noblesse et chevalerie en Charolais et Maconnais

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Noblesse et chevalerie en Charolais et Maconnais : Filiations (IX-XIème siècle) Ouvrage en 2 Tomes – René de BEAUMONT

  • Paru le 05 Juin 2012
  • 850 pages
  • Genre : Essais
  • ISBN : 9782810005130

René de Beaumont

René de beaumont artilleur

René de Beaumont a procédé au dépouillement systématique des actes du prieuré de Perrecy en Charolais, de l église cathédrale de Saint-Vincent de Mâcon, de l abbaye de Cluny et des ses filiales et prieurés de Paray-le-Monial et Marcigny-sur-Loire, ainsi que de quelques autres monastères et églises périphériques. Ils contiennent près de 4000 documents concernant la région constituée par Mâconnais, Charolais et Brionnais. Ces actes s étagent sur une période d environ quatre siècles, du milieu du 9° siècle à celui du 12° siècle. Leur analyse systématique (et souvent statistique) a permis de retracer dans ce Tome l histoire familiale, territoriale, sociale, politique, économique et culturelle de la noblesse puis de la chevalerie du pays sur la période centrale et la mieux documentée, celle des 10° et 11° siècles. L auteur étudie notamment l évolution sur cette période d institutions politiques et économiques, comme le bénéfice et la précaire, ou plus personnelles, comme la parenté, la fidélité et l amitié. Ces institutions, comme celles de l amitié ont été peu étudiées, ou comme l avonculat, jamais été traitées jusqu ici, et l ouvrage apporte en la matière des analyses et développements nouveaux. Ces institutions et relations ont évolué pour donner à partir du 11° siècle naissance à la féodalité, bien connue celle là. Durant la même période le système de division de la société entre libres et esclaves s est transformé, pour être remplacé par la division tripartite qui a perduré jusqu à la fin de la monarchie, entre Noblesse (Bellatores), Tiers-Etat (Laboratores) et Clergé (Oratores). Les recherches menées ont encore permis d extraire beaucoup d informations relatives au développement de l habitat, l économie et le travail, la guerre privée et les conflits régionaux, la christianisation de la paysannerie, la pratique de la justice, etc. Les Charolais et Mâconnais, situés dans l orbite et sous l influence directe de Cluny, ont par ailleurs été le laboratoire privilégié où la grande abbaye a tenté en priorité de mettre en uvre ses idées et ses théories sur la transformation de la société. C est à l histoire de cette expérience unique, et qui marquera toute l évolution de l Occident, que l enquête menée dans ce Tome convie encore le lecteur. Ouvrage en 2 tomes (chaque tome ne peut être vendu séparément)

Pour en savoir plus :

Recension Cahiers de Civilisation médiévale, 57, (2014) :

René DE BEAUMONT. — Noblesse et chevalerie en Charolais et Mâconnais. Enquête et filiations (IXe-XIe siècle). À partir des cartulaires de Cluny, Mâcon, Paray-le-Monial, Marcigny et Perrecy [préf. de Jean RICHARD]. Paris, Toucan, 2012, 2 vol., 810 p., 38 ill., 6 tabl., 4 cartes.

"Ce livre est le fruit d’une enquête de grande ampleur et de grande qualité menée dans cinq cartulaires bourguignons, et qui vient compléter celles menées jadis par M. Chaume, plus récemment par G. Duby et J. Richard, comme le rappelle ce dernier dans sa belle préface. La continuité entre l’aristocratie du IXe et les familles seigneuriales du XIe s. est ainsi à nouveau montrée, comme ces auteurs la soulignaient en Bourgogne ou comme J. Boussard la proclamait dans les pays de Loire, en s’appuyant sur K. F. Werner, dans les colonnes de cette revue, dès 1962 (CCM 5, p. 303-322). L’essentiel du livre consiste en 500 pages d’enquêtes sur les lignées, dont il faut saluer avec le préfacier le caractère méthodique, exhaustif et précieux. Les spécialistes de cette région pourront utiliser ces apports d’autant plus aisément que les références sont très clairement fournies (numéros d’actes dans les cinq cartulaires édités). Ils éviteront par exemple de confondre, avec B. Rosenwein, le scribe Déodat avec un membre d’une lignée auvergnate plus importante (p. 277) ou de confondre deux Ève (p. 292). Mais ces enquêtes sont précédées d’un essai sur la chevalerie charolaise (dans le t. I, p. 37-242) qui pourra retenir l’attention des historiens de toute l’Europe féodale et qui appelle donc ici quelques remarques.

Cet essai débute par une description du Charolais dans un style admirablement fort et précis (p. 37-38), et il se poursuit ensuite avec la même facture. Même si l’on aurait peut-être aimé quelques pages de présentation initiale des sources, avec les biais et les lacunes qu’elles comportent, la démonstration d’ensemble d’une continuité et d’une quasi fermeture de l’aristocratie emporte néanmoins la conviction. Elle s’appuie sur une étude des noms de personnes que l’on aurait tort d’invalider avec C. Bouchard (American Historial Review, 86, 1981, p. 501-532). Elle va d’ailleurs entièrement dans le sens de G. Duby, qui à l’encontre des tenants « durs » de la « mutation de l’an mil » a toujours vu dans celle-ci une simple métamorphose de la noblesse en chevalerie, non la montée d’une classe sociale nouvelle de guerriers (p. 121-126). Il est évidemment  un peu difficile de reprocher à René de Beaumont son allégeance à une thèse (La société… mâconnaise, de G. Duby, 1953) dont le pouvoir de suggestion demeure entier, et dont le tableau du XIe s., en particulier, ne devrait souffrir que très légèrement d’une remise en cause de la « mu-tation de l’an mil ». Cela est d’autant plus vrai qu’il ne se réfère pas vraiment aux pages les moins convaincantes de la thèse de G. Duby, j’entends celles qui décrivent un Xe s. insuffisamment guerrier. Je me demande seulement si, comme ce maître, R. de Beaumont a raison d’assimiler « la chevalerie » à la diffusion du mot miles dans les chartes bourguignonnes à partir de 971 : ce mot ne désigne-t-il pas essentiellement le vassal ? J’ai un peu de mal à le suivre, du coup, lorsqu’il évoque un « avènement de la chevalerie » (p. 90 et ss) au moment (980-1030) où, selon G. Duby, le pouvoir comtal décline et où les

« châtelains » s’émancipent. Peut-être l’A. aurait-il pu tirer parti des critiques que j’ai développées en 1997

(La mutation de l’an mil a-t-elle eu lieu ?) et éviter d’affirmer qu’il y a « chevalerie » sans adoubement.

Il est vrai que le rite d’adoubement n’est évoqué dans aucun des cinq cartulaires sur lesquels s’appuie R. de Beaumont. Mais dans le fond, pourquoi le serait-il ? L’A. note lui-même, incidemment, que les sources ne montrent pas le cœur des patrimoines, car on n’y prélève pas les aumônes de terre aux églises : ne doit-on pas appliquer la même remarque au cœur même de la vie féodale et chevaleresque, qui est l’adoubement (essentiellement profane) ? On entrevoit du moins un certain nombre de bons et très bons chevaux, sur lesquels R. de Beaumont fait un commentaire très utile, relevant notamment leurs prix estimés (p. 155-159), lançant aussi l’hypothèse d’un élevage de chevaux intensif au Charolais dès le XIe s. (p. 158), dont on peut tout de même discuter puisqu’elle repose seulement sur la fréquence des taxes en avoine (commune à diverses régions). Plus loin, les engagements de terres par les chevaliers en partance pour la première croisade et soucieux de s’équiper convenablement (p.234-236) permettent à l’A. d’évoquer de manière très neuve et convaincante les embarras voire la ruine (dans le cas des vicomtes de Mâcon) de plusieurs familles aristocratiques. J’hésiterai davantage à le suivre sur l’« avonculat » (p.130-141) et sur les traditions « indo-européennes ». Du moins apporte-t-il à chaque fois des aperçus suggestifs, propres à relancer le débat et l’investigation.

En fin de volume, un index vient aider le lecteur et témoigner de l’authentique culture historique de l’A. Il souligne utilement que les mots de « châtelain » et de « châtellenie » ne se rencontrent pas dans les sources du XIe s. Je me demande s’il ne faudrait pas reconsidérer aussi les notions d’« alleu » et de « ban », et aussi s’il faut vraiment voir dans le « bénéfice » des IXe et Xe s. quelque chose d’entièrement différent du « fief » du XIe s. Ajoutons enfin que François Bange (Annales ESC, 1984, p. 529-560) marque la différence entre l’ager et la viguerie mâconnaise.

Ces quelques remarques, on l’aura compris, ne doivent en aucun cas dissuader les chercheurs d’avoir recours à ce livre dont le style, la clarté, l’apport fondamental en matière prosopographique et les très riches suggestions font une contribution très importante, susceptible de compléter et d’étayer sur plusieurs points la grande thèse de G. Duby. Les présentes remarques ne visent pas davantage à délégitimer cette dernière, qui foisonne en analyses puissantes et suggestives sur le XIe s., mais gagnerait tout de même à faire l’objet, surtout en sa première partie (Xe s.), d’une révision que son auteur, aux années 1980, jugeait lui-même nécessaire."

Dominique BARTHÉLEMY.

Informations complémentaires

Poids 1340 g
Dimensions 14 × 22 cm

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