Français malgré eux

Préface de Pascal Bruckner

Ce livre veut être, pour l’indigénisme, l’équivalent du travail que fut « Les territoires perdus de la République » pour l’antisémitisme.

L’indigénisme contemporain relève d’une filiation double : il s’inscrit historiquement dans un enchevêtrement de revendications politiques identitaires émanant des peuples d’Amérique du Sud en réaction à leur passé colonial ; il trouve en outre ses sources idéologiques et rhétoriques dans le post-modernisme culturel et académique de la seconde moitié du XXe siècle. Sur cette base, les mouvements « indigénistes et décolonialistes » français ont, depuis plus d’une décennie, entrepris un véritable travail de déconstruction des principes qui se situent à la base même de notre socle républicain. Les auteurs montrent que la diffusion des arguments déployés par ce militantisme communautariste, dénonçant un racisme structurel de la part de l’Etat et exigeant réparation pour la domination qu’il exerce, a pris corps au sein du débat public, bénéficiant de nombreux relais académiques et médiatiques.

S’ouvrant sur un essai socio-historique, l’ouvrage vise à relater les conditions de l’émergence de cette nouvelle forme (paradoxale) d’antiracisme racialiste et ségrégationniste, et à questionner ses influences lourdes sur notre société. La deuxième partie du livre est constituée d’entretiens avec de nombreux acteurs de la vie publique (médecins, personnels de l’institution judiciaire, professeurs, etc.) qui font l’expérience quotidienne de cette réalité émergente : tous, malgré leurs divergences de profils et d’orientation politique font part d’un délitement profond de notre pacte républicain