Description
Depuis la grande exposition rétrospective de l’oeuvre de Charlet à Paris en 1893, l’actualité de ce maître de la lithographie, admiré par Eugène Delacroix en son temps, n’a cessé de décliner. Non que l’oeuvre soit rare, Charlet a produit plus de mille lithographies, et pour une part importante consacrées à Napoléon et sa Grande Armée. En effet, Charlet est un des principaux artisans de la légende napoléonienne, celle populaire qu’il incarne dans le type du grognard, bravache et sentimental. Il a aussi laissé quelques grands tableaux d’histoire, et sa Retraite de Russie (1836), qui a enthousiasmé Alfred de Musset, fit aussitôt partie des classiques de la peinture française.
Après plus d’un siècle de quasi-disparition – on inaugura sa statue à Paris en 1897 – c’est tout Charlet que l’on découvrira, l’élève du baron Gros, l’ami de Géricault, le professeur à l’École polytechnique, le bon citoyen défenseur de sa patrie, digne d’un père dragon de la République mort au champ d’honneur. Son oeuvre est immense, qui va d’un charmant abécédaire pour les enfants aux nombreux albums racontant la vie pittoresque du vieux grognard des campagnes du Premier Empire. Le ton est enjoué, volontiers cocardier, souvent ironique, et comparable à celui des chansons de Béranger, son contemporain. Pour tout dire, Charlet fut populaire tout en réalisant quelques-uns des chefs-d’oeuvre de la toute jeune lithographie.